Apprendre le québécois, leçon 3 : les nouveautés du dictionnaire 2ème partie
C’est avec grand plaisir qu’iPagination s’associe à Patrice Hudon et son excellent site « Du français au français » pour vous faire rencontrer et apprendre régulièrement la langue québécoise, par le biais d’articles thématiques. Appréhender les nuances de la langue française afin d’éviter tout quiproquo, mais aussi s’enrichir, voyager régulièrement sur l’autre rive, riche de nombreux auteurs de talent, qu’ iPagination a la grande chance de tutoyer au quotidien.
Cette année, plusieurs mots québécois se sont faufilés dans Le Robert et Le Larousse. Parmi ces nouveautés, on découvre «traînerie» qui a fait son entrée en même temps que le «brol» belge. Ces deux mots sont presque synonymes et signifient fouillis, désordre.
Mais «traîneries» désigne aussi des objets qui ne sont pas rangés. «Ramasse donc tes traîneries, sinon je les jette à la poubelle.» «Comment fais-tu pour dormir au milieu de toutes ces traîneries ?»
«Traînerie» a donné naissance au mot «traîneux» (ou vice-versa) qui est une personne désordonnée, qui laisse «traîner» ses choses. «Mon mari est encore plus traîneux que mes enfants.» «Si j’avais su que tu étais aussi traîneux, je ne t’aurais jamais marié.»
Chialer est un mot connu partout dans la francophonie, mais au Québec on l’emploie rarement comme synonyme de pleurer. On l’utilise plutôt dans le sens de se plaindre, geindre ou maugréer. Ne soyez donc pas surpris d’entendre un Québécois dire de son patron : «Je déteste mon patron, il chiale sans arrêt.»
Du verbe «chialer» est né le mot «chialage», synonyme de plaintes, de jérémiades. «Je ne suis plus capable d’entendre son maudit chialage.» «Il n’est jamais content. C’est le roi du chialage.»
De petits mots de tous les jours ont aussi enrichi le dictionnaire. Chez nous, le mot «cadran» est souvent utilisé comme synonyme de réveille-matin. «Désolé de mon retard. Je suis passé tout droit ce matin, mon cadran n’a pas sonné.»
Certaines locutions ont aussi fait leur apparition, comme «enveloppe brune», tristement célèbre ces temps-ci au Québec (où se multiplient les scandales de corruption). Une «enveloppe brune» est synonyme de pot de vin. Cette locution tient son origine de liasses de petites coupures dissimulées dans des enveloppes discrètes. «Le maire de Laval distribuait des enveloppes brunes aux ministres pour obtenir des faveurs.» «Les firmes d’ingénierie ont donné beaucoup d’enveloppes brunes en échange de juteux contrats de voirie.»
Et finalement, la locution «printemps érable» (analogie avec le printemps arabe) est née durant de la vaste contestation étudiante qui a secoué de monde de l’éducation québécoise au printemps 2012.
En attendant un nouveau cours de québécois par notre ami Patrice : TESTEZ VOTRE NIVEAU EN CLIQUANT ICI !
Je suis surprise de découvrir qu’on peut parler de « langue québécoise » alors qu’au Québec, on fait tout pour essayer de garder une langue française de belle qualité malgré l’environnement très anglophone. Notre grammaire est la même que la vôtre. On peut peut-être parler d’expressions ou de mots québécois, mais certainement pas de langue québécoise. Précisons que je suis française de naissance, mais que j’habite le Québec depuis 47 ans.
Bonjour Marie-Claude, c’est bien pour cela que nous avons mis en chaque début d’article de cette série » du français au français ». On ne peut toutefois pas nier qu’il y a de très nombreuses expressions québécoises qui n’existent pas en France, et même certains mots qui n’ont absolument pas la même signification ici ou là. Signaler enfin que Patrice Hudon le rédacteur de ces articles, est né à Montréal et y réside toujours actuellement.