Apprendre le québécois, leçon 4 : vacances linguistiques
C’est avec grand plaisir qu’iPagination s’associe à Patrice Hudon et son excellent site « Du français au français » pour vous faire rencontrer et apprendre régulièrement la langue québécoise, par le biais d’articles thématiques. Appréhender les nuances de la langue française afin d’éviter tout quiproquo, mais aussi s’enrichir, voyager régulièrement sur l’autre rive, riche de nombreux auteurs de talent, qu’iPagination a la grande chance de tutoyer au quotidien.
Les vacances linguistiques
Ah! l’été… la saison idéale pour que nous, les «cousins» séparés par un vaste océan et une guerre perdue, nous nous rendions visite.
Au plaisir de ces rencontres se greffe aussi l’étonnement de découvrir à quel point notre langue commune a évolué d’une manière si différente d’un côté et de l’autre de l’Atlantique.
D’abord, cousins français, ne vous inquiétez pas si vous entendez un Québécois dire qu’il a hâte de se faire «griller». Il ne se prend pas du tout pour une saucisse. L’expression «Se faire griller» est simplement synonyme de se faire bronzer. « J’ai assez hâte à mes vacances, je ne ferai rien d’autre que de me faire griller pendant deux semaines». (Remarque : la plupart des Québécois n’ont que deux à trois semaines de vacances par année.)
Mais attention, il ne faut pas utiliser le terme «grillé» à toutes les sauces… si je peux me permettre le jeu de mots. En effet, la locution «Se faire griller» est fréquente, mais seulement dans la langue parlée. C’est le mot bronzé qui est utilisé dans la langue écrite, et aussi dans tous les descriptifs de produits cosmétiques comme les autobronzants. Nous ne disons jamais «crèmes autogrillantes», ni «Salon de grillage» (Salon de bronzage est le terme employé).
Il est aussi bon de savoir que si nous portons rarement des «maillots de bain» sur les plages, nous ne sommes pas des adeptes du naturisme pour autant (une activité très rare chez nous). En effet, c’est simplement que nous préférons enfiler un «costume de bain».
En vacances au soleil, les Québécois aiment «se faire chauffer la couenne». Chez nous, la «couenne» n’est pas seulement une croute tendre ou de la peau de porc flambée. Elle est aussi, dans un registre familier, la peau humaine. «Heureux d’un printemps qui me chauffe la couenne» (paroles d’une chanson de Paul Piché, chanteur québécois). On dit aussi «Se dorer la couenne au soleil» comme synonyme de se reposer au soleil.
Par extension, le mot couenne a donné naissance à une autre très belle expression. Pour parler d’une personne qui est résistante, qui est capable d’endurer les épreuves de la vie, on dit qu’«elle a la couenne dure» : «Ne t’en fais pas pour Gilbert, il a la couenne dure, il va passer à travers son divorce.»
L’été trop court du Québec est parfois surnommé la saison des barbecues. Véritable passion pour plusieurs Québécois, le barbecue, souvent écrit BBQ, est simplement de la nourriture cuite au gril à l’extérieur de la maison. Nous adorons y faire cuire nos «T-Bones», l’équivalent de vos biftecks d’aloyau. Mais attention, si vous apercevez une enseigne de restaurant qui annonce du poulet BBQ, il s’agit alors de poulet rôti.
En parlant de restaurants, certaines raisons sociales au Québec sont francisées. Ainsi, votre KFC (Kentucky Fried Chicken) en France devient PFK (Poulet Frit Kentucky) au Québec, et MacDonald y a perdu son S.
Au plaisir de nous voir cet été.
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