Apprendre le québécois, leçon 9 : l’argent
[box title= »Du français au français »]C’est avec grand plaisir qu’iPagination s’associe à Patrice Hudon et son excellent site « Du français au français » pour vous faire rencontrer et apprendre régulièrement la langue québécoise, par le biais d’articles thématiques. Appréhender les nuances de la langue française afin d’éviter tout quiproquo, mais aussi s’enrichir, voyager régulièrement sur l’autre rive, riche de nombreux auteurs de talent, qu’ iPagination a la grande chance de tutoyer au quotidien.[/box]
Du foin ou du blé?
En France comme au Québec, nous utilisons des métaphores végétales pour parler d’argent. Toutefois, nous n’employons pas les mêmes mots. En France, ce sont les mots blé ou oseille qui sont le plus souvent employés dans ce contexte, tandis qu’au Québec, c’est le mot foin. « Peux-tu me prêter un peu de foin? » « Je n’ai plus de foin. Je dois rester à la maison. »
Au Québec, nous ne nous arrêtons pas aux comparaisons végétales. Nous avons aussi recours à des synonymes alimentaires. Ainsi, le mot « bacon » veut parfois dire argent. Dans ce contexte, il est souvent employé en combinaison avec le mot motton (un autre québécisme) qui signifie grumeau : « Il y a des mottons dans la sauce »; ou petit morceau : « Il y a un motton de cheveux qui bloque l’évier »; ou encore, une grande quantité de quelque chose : « Il ne fait plus rien de ses journées depuis qu’il a hérité d’un gros motton de bacon. » Le mot motton employé seul peut aussi être synonyme d’argent. « Il a fait un gros motton en vendant son épicerie. »
Une piastre n’est pas une pièce.
Le mot piastre est synonyme de dollars. « Hier, j’ai perdu 100 piastres aux courses. » Ce mot, employé dans un contexte familier, se prononce piastre ou piasse.
Le mot piastre se retrouve dans plusieurs expressions et proverbes, comme « Faire la piastre » qui signifie gagner beaucoup d’argent, réaliser de gros profits. « Il a fait la piastre avec son projet d’immobilier» ou « C’est avec des cennes qu’on fait des piastres » qui signifie que c’est en économisant de petits montants qu’on finit par accumuler de grandes richesses. Une cenne est un sou noir, qui équivaut à un centième de dollars (maintenant retiré de la circulation).
Tu charges trop cher!
Jusque dans les années 1960, presque tout se passait en anglais dans l’espace public québécois, particulièrement dans les milieux financiers et commerciaux. Les mots anglais ont donc trouvé leur chemin dans la langue québécoise, qui les a toutefois souvent déformés pour les intégrer dans le langage quotidien. Ainsi, le verbe anglais «to charge», qui a pris une tournure québécoise, est devenu charger, synonyme de facturer quelque chose, vendre quelque chose à tel prix. «Combien charges-tu de l’heure?» «Quoi? Tu me charges 150 piastres pour t’être déplacé 10 minutes?»
Quant au mot anglais « change », qui est l’équivalent du mot monnaie, il est employé et prononcé comme un mot français. « Tu peux garder le change. » « As-tu du change pour mon deux piastres. »
On retrouve aussi « change » dans l’expression « Avoir besoin de tout son petit change » qui veut dire utiliser toutes ses ressources pour accomplir une tâche, un travail, une mission. « Ça m’a pris tout mon petit change pour terminer le marathon. »
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Quelques petites erreurs ici. Foin et bacon pour parler d’argent? Oh, oui, peut-être qu’un ou deux vieux les utilisent encore dans le fond de leur région, mais ce ne sont vraiment pas des expressions usuelles. Ça relève plus du folklore… Pour pour «piastre», ça ne se prononce jamais « piastre », toujours « piasse ».