En mode écriture : Léon
« S’il te plait, dessine-moi un auteur : Léon »
iPagination et iPaginablog, deux sites en connexion étroite, puisque animés par les mêmes équipes, dans un même esprit et pour une même passion de l’écriture.
Écrire … qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça fait ? Comment ça vient ? Pourquoi ? Quand ? Où ? ….
Sur iPaginablog, nous avons invité les auteurs d’iPagination à nous dévoiler un peu de leur intimité de plume.
Cette semaine, c’est après les mots de Léon que l’on court, en espérant les rattraper …
S’il te plait, dessine-moi …
— S’il te plaît, dessine-moi un auteur !
— Gné ?
— S’il te plaîîîît, dessine-moi un auteur !
— Mais enfin, fous-moi la paix !
— S’il te plaîîîîîîît, dessine-moi un nauteureuh !!!
— Barre-toi de là morveux avant que je t’allonge une mornifle ! Tu vois bien que je suis occupé à ne pas dessiner.
— Ouais, ben j’me casse, blaireau, même pas foutu d’me faire un dessin. Allez, j’me drape dans mon mépris et je pars comme un prince piske c’est comme ça.
— Bon vent, et n’oublie pas ton écharpe, merci.
Grommellements inintelligibles et porte qui claque d’un air condescendant…
Enfin un peu de calme, je ne vais pas me laisser emmerder par un p’tit con sorti de je ne sais où quand même.
Revenons à nos moutons, je crois que la procrastination a assez duré, sinon ça lasse.
C’est donc le quart d’heure de gloire à la Warhol, en profiter pour se la péter grave tout en évitant de raconter trop de conneries. Prendre de la hauteur pour se raconter en tant qu’auteur ; même si c’est un bien grand mot ; pas simple en fait.
Pourquoi écrire ? Je n’en sais trop rien en fait. Un déclic un jour au hasard d’un forum où j’ai été invité à participer à des jeux d’écriture, il y a presque un an jour pour jour. J’ai essayé et ça m’a plu. Juste quelques lignes au départ, puis de plus en plus long avec le temps qui passe. Je me suis pris au jeu et j’ai continué. Alors merci Rosine pour le déclic.
Je l’ignorais alors, maintenant je peux faire briller mon peu de culture, il s’agissait d’un exercice portant le nom de logo-rallye. C’est Christian Carpentier qui m’a appris ce terme, sinon je baignerais encore dans mon ignorance crasse à pratiquer quelque chose sans le savoir. Au cas où, pour ceux qui l’ignorent et qui ont la flemme de chercher, cela consiste à écrire des textes avec une liste de mots imposés, dix en l’occurrence.
J’aime beaucoup cet exercice, naviguer au gré des listes et tomber sur une qui me parle. En deux secondes ça me donne une idée d’une scène, d’une situation, d’un souvenir… Puis structurer le tout pour essayer d’obtenir un résultat cohérent. Etoffer l’histoire afin de faire en sorte que les mots n’arrivent pas de façon artificielle. Ca marche plus ou moins bien.
Puis j’ai montré mes textes à quelques personnes de mon entourage et reçu beaucoup de félicitations et d’encouragements, d’incitation à poursuivre. Autant dire que ça m’a autant surpris que fait plaisir. Un jour, on m’a conseillé de m’inscrire sur un site d’écriture. J’ai cherché un peu sur internet, parce que je ne savais même pas que ça existait (vous noterez le haut niveau…) et c’est comme ça que je me suis retrouvé sur iPagination.
Il y a un certain côté rassurant, comme écrire un texte pour les ateliers d’iPagination. Un cadre, même s’il m’arrive de prendre un malin plaisir à le contourner, il est là. Et c’est un bon guide pour l’écriture. Je me rends compte qu’il est vraiment difficile de réussir à écrire une histoire longue, avec simplement une idée de départ, une trame générale et la fin. J’envie ceux qui y arrivent régulièrement.
Comment ça vient ? Qu’est-ce que ça fait ? Là encore, pas facile. J’ai souvent l’impression d’avoir la tête vide, et parfois une idée passe alors je l’attrape au vol. Ensuite essayer de la développer pour voir où elle mène. C’est pour ça que j’emploie presque exclusivement la première personne, parce que je trouve ça plus facile.
Se mettre à la place du personnage pour tenter de retranscrire au mieux ce qu’il pense, ce qu’il voit, ce qu’il ressent. Pousser le plus possible dans ces directions, surtout quand « je » n’a rien à voir avec moi. Faire en sorte que ça soit plausible. Mélanger des souvenirs, du vécu, du fictif en me demandant comment je pourrais réagir dans une situation donnée et le restituer. J’essaie de faire des sortes de photographies sensorielles, de jouer le plus possible avec les différents sens.
De temps à autre, penser les mots pour panser les maux. Ben oui, j’ai des états d’âme, comme tout le monde, alors il m’arrive de m’épancher. Même si en général l’écriture n’est pas cathartique, plutôt récréative. Ouais, j’ai placé un mot de plus de trois syllabes qui donne l’air cultivé !
Et par moments, quand tout se met en place, quand j’arrive à lâcher prise, il m’arrive de vivre complètement la scène. D’être totalement à la place du personnage. Et là c’est plus un film qui se déroule devant moi pendant que les mots s’écoulent tout seuls, que l’histoire se nourrit d’elle-même. Elle vient remplir des blancs auxquels je n’aurais pas pensé la seconde d’avant. Les doigts volent sur le clavier plutôt inconsciemment. Et le résultat est parfois surprenant parce que ça ne correspond pas à l’idée que j’avais au départ. Bref, des instants rares et précieux.
Après, il faut dépoussiérer, corriger et remanier plus ou moins. Là, je ne remercierai jamais assez Liliane Baron qui a toujours eu la gentillesse et la patience de me relire depuis mon inscription sans parler de ses judicieuses remarques pour améliorer l’ensemble.
Aussi les moments magiques, quand on reçoit des commentaires après avoir publié un texte, sans savoir comment ça sera reçu. Je pars du principe que si j’ai ne serait-ce qu’un seul commentaire, c’est que j’ai réussi à transmettre quelque chose, et c’est très gratifiant. Alors quand il y en a plusieurs, c’est encore plus de bonheur. Parfois il y en a de vraiment extraordinaires, auxquels on ne s’attend pas vraiment. Et c’est très difficile de remercier, déjà en général, et là en particulier parce que les mots ne viennent pas, ou semblent creux. Il arrive aussi d’avoir des remarques, jamais gratuites, toujours dans le but de faire mieux. Il faut savoir se remettre en question. Pour certaines, je ne l’ai toujours pas fait, ça ne veut pas dire que j’ai oublié ou que je n’en tiens pas compte. Je les garde à l’esprit pour le faire un jour.
Voilà, je crois avoir fait le tour de la question avant que ça ne soit trop barbant, à moins qu’il ne soit déjà trop tard…
Et depuis fin mai 2013, beaucoup de plaisir à découvrir énormément d’auteurs de talent. Que d’heures passées à sourire, rire, pleurer, grincer des dents et toute une palette de sentiments. Elargir mon horizon à bon nombre d’histoires que je n’aurais jamais imaginé lire il y a peu et encore moins m’y intéresser vraiment. Se remettre en question en tant que lecteur, c’est bien aussi.
— Gamin, j’ai fini, reviens, j’ai des cachous dans ma poche !
— Gaaaaaamiiiinnnn, reviens, tu vas pas rester seul dans ce bois ?
Silence lourd de conséquences…
Je vais jeter un œil dehors.
Je le vois disparaître dans le virage, son écharpe accrochée au pare-choc d’une voiture et lui traîner par terre. Les deux mains autour du cou essayant de se dégager. Je me demande bien ce qu’il a pu leur demander comme dessin pour en arriver là…
Très naturel ! J’aime décidément beaucoup cette rubrique. Je crois pouvoir dire que j’aurais pu, ou du moins j’aurais aimé signé ce dessin. .. parce que je m’y reconnais dans de nombreux traits, y compris dans l’angle choisi.
Très sympathique dessin d’auteur, bravo et merci Léon. C’est très généreux d’écrire ainsi
Oh, merci Tippi pour ce généreux commentaire 🙂
J’aurais aimé SIGNER sans faute !!!
Comment ça, saigner sans faute ??? J’y comprends plus rien 😉
Attention, c’est comme ça que Mathilde n’est pas revenue…
Ah les logo-rallyes !
En fait, j’en ai fait des tonnes sans savoir qu’ils portaient ce nom.
Donc, merci, je me sens moins c…
De rien, comme ça on est deux 🙂
Euh moi non plus je ne connaissais pas le terme :-). Vive Léon 🙂 On a pas mal de points commun dans la « façon de voir venir le texte ». A part peut-être la structure..
Merci Koachoune 🙂
Oui, j’avais cru comprendre ça. Effectivement, je reste « classique » dans la structure.
L’abus de produits structurants et coiffants pour maintenir droite mon opulente coiffure et la tête qu’il y a en-dessous sans doute 😉
Merci Léon, beaucoup d’humour et de vie dans ton portrait! Il est très agréable à lire et ta parole est généreuse, je trouve!
Merci beaucoup Domi.
Un peu d’humour tout en restant lucide, ça fait pas de mal.
La prochaine fois en mode écharpe qui claque au vent en haut d’une falaise quand j’aurais publié plusieurs best-sellers, soit dans une autre vie.
Il eut été dommage que vous n’ayez jamais essayé. Le résultat est là, il n’y a rien à ajouter ! Un seul mot : continuez !
Hében ! vraiment un énorme merci Roselyne. Un seul mot, qui touche. Merci.