Publication iPaginaSon : » Parlez-moi d’amour… »
Cette semaine, Firenz et Agathe vous parlent d’amour…
Deux textes bien différents… Parce que l’amour est toujours différent….
IpaginSon et son équipe se dévoilent ici.
Le choix de Firenz’ s’est porté sur ce texte d’Antoine, sélectionné par Amaranthe : Attention ! on ne badine pas avec l’amour…
SINGULIERE PLAISANTERIE
-Antoine-
– C’est là. Sous le grand chêne.
– T’es sûr ?
– C’est le père Dariot lui-même qui me l’a montré.
A l’évocation du père Dariot, Ronan fait le signe de croix et se tait. On a porté le père Dariot en terre la veille.
– Mais pourquoi te l’aurait-il dit à toi, où c’est qu’il cachait son trésor ?
– Pour me remercier de n’avoir jamais trahi son secret.
– Un secret, le père Dariot ? C’était quoi ?
– Qu’il aimait beaucoup les femmes, et qu’il n’hésitait pas à payer pour se faire aimer d’elles. Je l’ai surpris, un jour, entrant dans un bordel de Caen. Si j’avais répété ça au village, tu penses bien que sa vie était finie : on ne l’aurait plus salué dans la rue, le prêtre aurait refusé de recevoir ses confessions, les marchands auraient refusé de le servir…
Ronan accueille mon explication avec un rire sonore, en se tenant les côtes. Des oiseaux s’enfuient en piaillant de protestation. Tant de joie de si bonne heure, ce n’est pas permis.
– Petit vice, grandes récompenses donc, oh oh oh !
Il est comme ça Ronan. Toujours prompt à étaler sa bonne humeur aux oreilles du monde, même quand le monde ne veut pas l’entendre. C’est sans doute ce qui chez lui séduit tant les femmes.
Je lui jette un regard noir. On a beau avoir marché deux kilomètres dans la forêt, on peut très bien nous entendre.
– Moins de bruit. S’agirait pas qu’on attire un curieux et qu’on doive partager le butin en trois hein ?
Ronan mime une parodie de salut militaire et saisit la pelle que je lui tends. Nous nous mettons à l’œuvre. Lui à la pelle, moi à la pioche. Malgré le vent frais, nous suons à grosses gouttes. Ronan s’arrête le temps de retirer sa chemise. Je ne peux m’empêcher de contempler son torse. Le travail des champs lui a dessiné un corps d’athlète : il exhibe des muscles dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Peut-être est ce plutôt cela, qui chez lui séduit tant les femmes.
Nous creusons depuis vingt longues minutes. Un bon mètre cinquante de terre pelletée et toujours rien. Pas un coffre. Pas un sac. Rien que des racines et des cailloux. Plutôt maigre comme butin.
– Courage, je lui dis, on y est presque. Attends, je vais chercher de quoi nous revigorer.
Ronan me fait la courte échelle. Muni de ma pioche, je me hisse avec difficulté hors du trou. Ronan m’encourage. C’est vraiment un chic type. Le genre d’homme qui a écouté les leçons de catéchisme et se plie en quatre pour aider son prochain. La générosité incarnée, ce Ronan. Peut-être est-ce finalement cela, qui chez lui séduit tant les femmes.
Je sors une bouteille de vin de mon sac. Je m’accorde une rasade, puis la passe à Ronan qui boit à gros goulots. Il manque de s’étouffer quand je lui annonce qu’en fait, il n’y a pas de trésor. Que le père Dariot, il avait dilapidé toutes ses économies dans les bordels et que tout ce qui restait avait à peine suffi à payer l’enterrement.
Ronan me regarde les yeux écarquillés. La sueur qui lui coule depuis le front sur ses lèvres doit avoir un goût amer d’incompréhension. Il me demande le pourquoi de cette mauvaise blague. Je lui réponds que dans toute blague, aussi mauvaise soit-elle, il y a un fond de vérité. Et que la vérité de celle-ci, c’est qu’il n’y a pas de plus grand trésor au monde que l’amour que te porte une femme.
Ronan le beau, Ronan le bon vivant approuve. Il approuve, mais il ne voit pas où je veux en venir. Quand je lui dis que j’en ai assez qu’il visite la mienne, il comprend enfin. Je me lève et brandit la pioche au-dessus de moi. Je lis la terreur dans ses yeux. Ma pioche redescend vite, trop vite pour le Ronan le beau, Ronan le mort. Il n’a pas l’air d’avoir goûté la plaisanterie.
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Agathe a choisi de vous conter l’amour écrit par Oemok, : Quand l’amour rime avec bilan, douceur et nostalgie… Une sélection de Bluewriter.
CALCUL MENTAL
– Oemok –
J’additionne les étoiles,
les voeux qui vont avec,
les ronds de lune dans l’eau
et le matin.
Je soustrais 40 rangées de haricots
sous la pluie, le chagrin.
Je pose un
et je me retiens
à toutes ces épaules solides,
ça fait tout.
J’additionne les rires, les verres et la musique,
j’enlève la solitude de nos dimanches soirs
quand le silence revient.
Je pose un
et je retiens bien :
les pizzas dans le four,
la guitare de Sylvain
et l’aube qui nous cueille tous encore debout.
J’additionne les matelas partout,
demain c’est maintenant,
le regard de mes chiens.
Toi ôté de Nous
je retiens tout,
ça fait sans.
Bravo les filles, bon choix! Et belle lecture! Merci à vous! (Merci Java?aussi)
Merci beaucoup Domi, merci de ta bienveillance.
Un grand merci Malayalam ! J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce magnifique poème de Oemok, très belle écriture que je suis depuis quelques années….
Bravo et merci beaucoup!
Merci beaucoup, je suis très touchée
C’est beau comme de la télé quand on retire les images qui parasitent, c’est beau comme une radio intelligente. Ah, comme les filles savent bien prononcer les mots d’amour! Merci!
C’est parce que les filles ne sont qu’amour mais chut !!! Une chose est sûre : les garçons savent parler aux filles. Merci Chris Le troubadour !!!!!
Agathe…cette lecture est superbe…Quelle émotion…Belle harmonie avec la musique…Un immense merci pour ce beau moment. Le poème est très beau et cette lecture le magnifie. A partager sans modération. Merci encore pour cet instant de bien-être.
Firenz’ Quel texte ! Je l’avais lu mais tu lui donnes une autre dimension. Décidément je demeure fan des lectures à haute voix…Cette froide détermination, dénuée de toute compassion. Ce chaud-froid entre la vision claire des qualités de la victime et le côté obtus totalement dédié à cette vengeance. Antoine à si bien su montrer l’absence de remise en question du « bourreau ». Vous avez su les sublimer. Un beau texte, original. Et la voix de Java…toujours aussi « prenante »…Bravo et merci à vous pour ce beau partage qu’il convient, naturellement, de partager 🙂
Je suis totalement d’accord avec toi Naïade. Ce texte est magnifié par la lecture. Moi aussi je suis fan des lectures à haute voix…définitivement… Un grand bravo FIrenz et merci à ta participation , java !!!!