La double vie de Romain Gary
Ce document revient sur le coup de théâtre qu’a provoqué Romain Gary avec ses deux prix Goncourt. Les moments rares de la vie de l’auteur son examinés, ainsi que la complexité de cet écrivain hors du commun.
Publiée le 15 avril 2012 par GabrielKhan7
« Personnage aux multiples facettes : écrivain, diplomate, cinéaste, héros de la » France libre « , Romain Gary confesse son penchant pour les » farces et attrapes » : marionnettiste, montreur de personnages ambigus, inventeur de fables à double sens, cœur sensible et sourire moqueur, » clown lyrique « , il manie les ficelles du métier en se tenant à distance pour juger de l’effet produit, se plaisant à étonner et à séduire. Il a poussé l’art du prestidigitateur jusqu’à se donner secrètement un double, cet Emile Ajar que couronne un prix Goncourt, faisant de Gary le seul écrivain à avoir deux fois reçu cette récompense sous des noms différents.
Né le 8 mai 1914 à Wilno, en Lituanie, Romain Gary est élevé par une mère qui place en lui de grandes espérances. » Cosaque un peu tartare mâtiné de juif » il arrive en France, à Nice, à l’âge de 13 ans, fait son droit, s’engage dans l’aviation, rejoint la » France libre » en 1940, termine la guerre comme compagnon de la Libération et commandeur de la Légion d’honneur.
Le succès de son premier roman Education européenne prix des Critiques en 1945, coïncide avec son entrée au Quai d’Orsay. En poste à Sofia, Berne, New York, La Paz, il n’en continue pas moins d’écrire. Les racines du ciel (Prix Goncourt 1956) est une fresque de la vie coloniale en Afrique Equatoriale française. Il quitte la diplomatie en 1961. Après un recueil de nouvelles Gloire à nos illustres pionniers (1962), et un roman humoristique Lady L. (1963), il se lance dans de vastes sagas : La Comédie américaine (Les mangeurs d’étoiles et Adieu Gary Cooper 1969), La danse de Gengis Cohn (1967), La tête coupable (1968), Charge d’âme (1977). Pour Sganarelle (1965), définit, face aux nouvelles théories sa propre doctrine romanesque.
Après la réalisation de deux films : Les oiseaux vont mourir au Pérou (1968) et Kill (1972), il exprime dans Chien blanc (1970) une profession de foi anti-raciste. Gary laisse percer son angoisse du déclin dans au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable (1975) et Clair de femme (1977).
Après la fin tragique de la comédienne Jean Seberg, son épouse de 1962 à 1970 un dernier roman Les cerfs volants (1980) précède de peu son suicide.
Un document posthume révèle que, avec la complicité de son neveu Paul Pavlowitch, Gary se dissimulait sous le pseudonyme du mystérieux Emile Ajar, dont les romans Gros Câlin(1974), La vie devant soi (Prix Goncourt 1975), Pseudo (1976), L’angoisse du roi Salomon (1979), marquent un tel renouvellement d’écriture que la supercherie ne fut jamais découverte du vivant de l’auteur qui la révèle dans un testament, Vie et mort d’Emile Ajar (1981 posthume).
L’élément unificateur du périple qui fut sa vie, la question centrale à propos de Gary est le problème de l’identité. Dans, sa vie, dans son œuvre, dans son apparence physique même, Gary n’a cessé de changer, de superposer les visages, les noms, les identités, finissant par écrire sa vie comme l’une des pièces de son œuvre.
Dans Vie et mort d’Emile Ajar le romancier s’explique sur sa » nostalgie de la jeunesse, du début, du premier livre, du recommencement « , son angoisse existentielle face à l’enfermement dans un personnage, son désir d’échapper à soi-même et son malin plaisir d’avoir joué un bon tour au » parisianisme » honni. » Je me suis bien amusé, au revoir et merci « . »
Pour en connaître bien plus, rendez-vous sur le site de Rosanna Delpiano.
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