S’il te plait, dessine-moi un auteur : Thierry Tougeron.
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Écrire … qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça fait ? Comment ça vient ? Pourquoi ? Quand ? Où ? ….
Sur iPaginablog, nous avons invité les auteurs d’iPagination à nous dévoiler un peu de leur intimité de plume.
Cette semaine, nous entrons en écriture dans les battements de cœur et les respirations de Thierry Tougeron…
J’avais décidé de ne plus écrire.
A quoi bon?
Enfin, j’avais tout ce que je recherchais dans la vie. L’amour, l’amitié, le travail qui me convenait, une certaine reconnaissance sociale et cette sérénité tant voulue qu’on attendait à l’âge d’Homme avec une impatience vorace non contenue.
C’était bien mal se connaître.
C’était ignorer la source des mots et surtout leur puissance inconsciente dans tout mon être. Chaque parcelle en suintait. Chaque battement de coeur en parlait.
Impossible de ne plus écrire.
J’écrirais. Oui. J’écrirais. Un poème naissait alors dans ma tête et ça faisait:
Et crire
J’écrirais, j’écrirais
Jusqu’au dernier rayon de Lune
Cet astre qui suit autour le soleil
Mais qui lia en secret son sort
À notre bleue planète
J’écrirais, j’écrirais
Jusqu’à la disparition de L’une
Cette autre qui suit autour les merveilles
Mais qui lia en secret son sort
À notre paupière bleue bête
J’écrirais, j’écrirais
Jusqu’à la mort rayon d’urne
Cette masse sombre autour pareil
Mais qui lie sans secret les corps
À notre avenir exégète
Au début, j’avais écrit pour me libérer. Une fois le sac vidé, l’élan subsistait. Ce n’était plus de la libération mais de la liberté. La joie et le bonheur de créer. Une respiration intérieure. J’avais d’autres choses à dire. Une écriture naissait de moi et elle était nourrie sans cesse des événements de la vie et des lectures toujours plus nombreuses. Pour bien écrire, il faut avoir bien vécu et bien lu. Et surtout, il faut regarder naïvement, au sens premier du terme.
J’écrirais. Oui. J’écrirais. Un poème naissait alors dans ma tête et ça faisait:
Poésie de placard
J’ai rangé la poésie dans une mallette en plastique¡K puis dans
un placard pour être sûr.
Elle en est ressortie sous forme de corolles de robes blanches
puis colorées, d’asymétries de parfums plus envoûtants les uns
que les autres, de contours charnels toujours plus ahurissants, de
bourgeons de rires aux couleurs du ciel visible, de nappes de
coton de joie, de filtres remplis de bonheurs d’enfants et elle
m’a dit : « Toi qui as connu les berges colorées du Cher un soir
d’été, qui a vu les Élodées flotter comme des balais brillants
dans les eaux de cette rivière, qui sait désormais mieux la puissance
de la solitude, toi qui pensais toujours, qui voyait sans
l’atteindre l’autre rive de la réalité masquée par une brume de
certitudes, toi qui vois désormais avec distance une vie se faire
sans tout toi, tu peux poursuivre ton chemin sur la terre désertique
des Hommes, tu ne crains plus ni les autres ni toi, tu as
appris avec déchirement mais les blessures te gardent désormais
contre les attaques du futur et tu sais qu’il y en aura de nouvelles».
Alors je l’ai ressortie, joyeuse comme une commère qui est la
seule à connaître la vérité de l’historiette du trente-six rue du
machin-truc, heureuse comme une ouvreuse de bal un samedi
soir sur la terre, harnachée comme une simple gazelle qui rattrape
sa vie dès que des fauves la convoitent, avertie comme
une armée d’ombres qui connaissent les irrégularités de
l’éclairement solaire, essoreuse des sentiments désordonnés du
jour et de la nuit chez les passionnés, tritureuse des amours
enfouies ou visibles, aplanisseuse des revirements et dénivelés
vécus par un homme à la conquête d’une femme et elle me
donne de nouveau du secours.
J’écrirais, toujours. Pour parler du vent le matin, de la lumière, des premiers yeux qui me regardent… J’écrirais, n’importe quand. Puisque cela vient avec la vie, sur l’instant.
J’écrirais, sur tout. Car tout doit être vu autrement pour mieux le vivre.
C’est superbe. Ecrire, encore et toujours … Pour parler de tout, et surtout de l’Amour. Un bien joli portrait, merci Thierry de ces mots que tu laisses venir vers nous, qui les saisissons au vol …
Merci à toi de les prendre comme ils sont, comme ils viennent…