Vitraux de Songes, de Francis E. Sicard Lundquist
Comme si l’œil se glissait dans un kaléidoscope de mots, ce recueil, composé de deux parties, plonge le lecteur dans un univers de sables mouvants qui enlisent les sens. L’expression poétique est stricte. C’est celle du sonnet classique obéissant aux rigides lois de la composition. Chaque souffle est mesuré, chaque syllabe pesée, chaque image choisie. Et pourtant, sous cette maille d’acier, se révèle instantanément la puissance esthétique d’un art poétique dont la souplesse ne laisse aucune place à l’illusion littéraire. Bien loin d’être un accessoire, le titre lui-même s’impose non seulement comme une dimension indispensable à la rigidité de la structure mais encore comme une expansion de la densité créative.
Étrangement classique, ce recueil tisse, page après page, une toile infinie de miroirs dans un labyrinthe d’idées dont le luxe et la richesse éblouissent l’esprit et envoûtent l’âme. Sans aucun doute « Vitraux de songes » ouvre-t-il un nouveau courant poétique contemporain.
A propos de Francis E. Sicard Lundquist :
Né à Prades en 1952, Francis Étienne Sicard Lundquist se passionne dès l’adolescence pour la littérature, en particulier pour Marivaux et Marcel Proust. Des études en Lettres Classiques le conduisent à Lyon où il complète sa formation d’enseignant. Il n’exercera ce métier que brièvement puisqu’il rejoint Berlin en 1977 pour y résider pendant plusieurs années. Il y écrit son premier texte en prose, Le Voyage Bleu, qu’il ne publiera cependant qu’en 1986 aux Nouvelles Éditions Debresse.
Après plusieurs séjours à Antibes et à Nice, il quitte Berlin pour se mettre au service d’une famille aristocratique allemande avec laquelle il voyage en Europe, en Asie et aux États-Unis. Il en rapporte une importante correspondance, caractéristique de son goût pour l’épistolaire.
En 1983, il s’installe à Londres d’où il publie trois recueils de poèmes : Écritoire Vécu aux Éditions Saint-Germain-des-Prés, Ariane aux Nouvelles Éditions Debresse, et Car je suis l’oiseau magnifiquement guindé aux Éditions du Méridien. Il rencontre des artistes et travaille à la refonte d’un monumental projet d’écriture, Nuage de bois sec. Devenu proche d’un éminent exégète d’Oscar Wilde, il se consacre alors à l’étude de l’esthétisme.
Il rejoint le Languedoc en 1998. Il publie quelques textes dans la presse et répond à des appels à écriture, notamment à ceux de France Musique (Contes du jour et de la nuit de Véronique Sauger). En 2011, il crée un blog d’écriture consacré au sonnet de forme classique : Lettres de soie rouge. Proche de l’image, il publie aussi sur la toile ses photographies accompagnées de textes brefs.
Lauréat du concours Charles Trenet en 2011 dans la catégorie Poésie de forme classique, il entre en 2013 dans l’anthologie mondiale et plurilingue du sonnet avec Le Phénix renaissant de ses cendres, ouvrage édité par Richard Vallance chez Friesen Press (USA).
II élargit aujourd’hui son champ d’écriture à la nouvelle et se lance un défi : la rédaction d’une partie de ses mémoires.
Quelques extraits :
Mille fois il s’endort comme un bout de cristal
Repoussant le silence aux portes du mensonge
Et mille fois le temps se gorge de ce songe
Comme un soupir forgé de bouches en métal.
De riches velours noirs froissés sur un étal
Boivent le ciel sucré d’une goutte d’éponge
Que le parfum du musc sous chaque mot prolonge
D’une perle de lèvre au cœur d’un récital.
L’or presque craquelé d’une longue bougie
Fond sur de la dentelle à la maille rougie
D’une épine de sang suspendue au rosier.
Le parc emmitouflé dans un tulle de brume
Dorlote le soleil d’une douceur de plume
En berçant un ruisseau sous un jupon d’osier
.(Impressions sans couleur)
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En touchant de son doigt le cœur d’une hirondelle
Le vent espiègle et fou trouble de son élan
Les barques de pêcheur friandes d’éperlan
Assises sur l’étang comme un pan de ridelle.
Sur la berge endormie une vieille haridelle
Somnole dans le soir près d’un beau chambellan
Dont les yeux de velours puent aussi le merlan
Car l’amour a le don de tirer la ficelle.
Des moulins invaincus tendent toujours leur main
Triomphant d’un héros au pouvoir surhumain
Et tournent en silence au cœur de la légende.
Puis des ombres de lance au redoutable effet
Longent un cimetière où la mort vilipende
Les hommes ignorants qui brûlent un défet.
(Charade d’oiseleur)
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